Séjourner à Grenade, Andalousie
« Dale limosna, mujer, que no hay en la vida nada, como la pena de ser ciego en Granada ». Francisco A. de Icaza
(Donne-lui l’aumône, ma chère, car il n’y a rien de pire dans la vie que d’être aveugle à Grenade)
Une semaine pour apprivoiser la ville, c’est l’idéal ! Mais si vous êtes de bons marcheurs, en 3 jours, c’est faisable !
Le climat.
J’y suis allée en avril, il a fait frais les jours couverts (une doudoune, un bon pull) et déjà chaud les jours ensoleillés (en t-shirt), ce qui laisse présager des températures estivales intenables. Grenade est souvent soumise à des vents frais, on est en montagne tout de même, et la Sierra Nevada encore enneigée influence le climat. En avril , il y a déjà des touristes mais ce n’est pas gênant (beaucoup de français), et en été, aux dires des locaux, c’est intenable question chaleur et fréquentation. De toute façon, les prix doublent … mais c’est plus fleuri, c’est sûr …
Depuis l’aéroport de Grenade jusqu’à la ville.
Il y a un bus qui vous emmène en ville en 30 mn, mais franchement, à 4, mieux vaut prendre un taxi qui vous coûtera autour de 24 euros (27 euros le soir ou le week-end et jours fériés), tarifs uniques pour les taxis blancs et verts de Grenade (plus chers pour les taxis privés qui ne sont pas blancs et verts). Et au moins, ils vous conduisent directement à votre adresse, car lorsqu’on vient pour la première fois à Grenade, on s’y perd vite au début, à plus forte raison si vous avez réservé dans les quartiers de l’Albaycin ou du Sacromonte.
Si vous devez faire escale à Barcelone pour 4h (avec Vueling, c’est souvent le cas au départ de Nice), sachez que vous avez le temps d’aller faire un tour à Barcelona plutôt que d’errer dans les Duty Free de l’aéroport, en commandant un taxi qui vous reviendra aux alentours de 35 euros l’aller (réservations depuis Internet). Comptez 30mn de trajet aller, idem pour le retour, et prévoyez d’être là 1/2h avant l’heure de l’embarquement, ça suffit.
Quel quartier choisir pour un logement ?
L’Albaycin, le quartier arabe andalou.
Tout dépend de vos goûts, bien sûr, mais à mon humble avis, l’Albaycin est The place to be. Si vous venez à Grenade avec à l’esprit un village blanc, des ruelles étroites et en pentes pavées de pierres, les cyprès, la vue sur l’Alhambra, des maisons de style hispanomusulman, des « Carmen » (ces maisons typiques de Grenade avec un jardin, une cour intérieure ou une terrasse avec vue sur le toit), alors vous êtes au bon endroit. Dépaysement garanti ! L’Albaycin s’est développé sous la dynastie Nasride avec les résidences principales et les mosquées. Le quartier offre des miradors avec des vues imprenables sur la ville ou l’Alhambra, de jour comme de nuit, et qui ne s’est pas perdu dans l’Albaycin a manqué quelque chose ! Nous, on l’a fait, malgré un plan bien détaillé, mais à force, on a apprivoisé le quartier en 2 jours et les rues qui nous ont tellement donné de fil à retordre n’avaient plus de secret pour nous.
On s’y promène la tête en l’air, en photographiant les façades de maisons plus jolies les unes que les autres, les fenêtres fleuries, les portes de style arabe, les azulejos qui les ornent et les jardins dérobés qu’on épie à travers les grilles. Avec le soleil, le quartier est encore plus beau avec le contraste du blanc, des fleurs et du ciel bleu. Un enchantement !
Vues de l’Albaycin
Concernant la location, j’y ai plus trouvé mon compte sur Airbnb que sur Booking, aussi bien pour le prix que pour la beauté des logements proposés et l’espace. Je ne vous donnerai pas mon adresse secrète, une maison de style mauresque avec une vue sur l’Alhambra et la ville, digne du mirador de San Nicolas, mais je vous laisse juger de la vue qui a accompagné mon lever et mon coucher :
Si vous en avez la possibilité, prenez une location avec vue sur l’Alhambra car c’est le clou du spectacle et on ne se lasse pas de la regarder. C’est souvent plus cher, mais on est à Grenade pour cela, non ?
Le bus depuis l’Albaycin. Seuls les habitants, les taxis et les minibus peuvent circuler dans ces ruelles étroites, sinon c’est infernal. Certes, il y a un parking pour laisser sa voiture et faire le reste à pied, mais l’idéal est d’être près d’un arrêt de bus : le minibus rouge C1 monte et descend depuis l’Albaycin jusqu’au centre, devant la cathédrale, pour 1.20 par personne, entre 7h et 23h, toutes les 5/7 mn. Nous, on descendait à pied avec les enfants, et on remontait parfois avec le bus. Depuis le centre, vous ferez quelques mètres à pieds jusqu’à la place Isabel la Catolica avec ses fontaines, et vous prendrez le minibus C3 qui monte à l’Alhambra, pour 1.20 par personne, entre 7h et 23h, toutes les 5mn voire moins. Tous les détails sur la page des bus.
Bañuelos
Concernant les restaurants, ils sont souvent très chers avec la vue sur l’Alhambra et la nourriture est de piètre qualité. En avril, ils ne sont pas ouverts si tard que cela, je m’attendais à des heures tardives dignes de l’Espagne qui se lève et se couche tard, mais cela doit être réservé à la saison d’été. Je vous donne quelques bonnes adresses et d’autres à éviter dans un article consacré aux restaurants à Grenade.
Pour faire vos courses dans l’Albaycin, ne vous bercez pas d’illusion : seul une épicerie surnommée « Hay de todo » (il y a de tout) pourra vous dépanner près du mirador San Nicolas, mais pour les grandes courses, il faudra aller jusqu’au centre … excentré, en fait, pour trouver un Al Campo, Mercadona ou un Carrefour Market. Pas pratique pour monter ses courses ! Mais pour une semaine, pas besoin de tout cela, entre l’épicerie et les restaurants, ça fera bien l’affaire !
Jardins de la Mezquita Nueva et église San Nicolas au second plan.
A visiter dans l’Albaycin : tout ! Ce n’est pas pour rien que les principaux monuments de l’Albaycin ont été déclarés avec l’Alhambra patrimoine mondial de l’UNESCO. Il y avait une profonde relation entre la royauté dans la forteresse et le quartier qui en dépendait. La carte Dobla de Oro, d’ailleurs, vous permet pour une somme fixe de visiter tout ce patrimoine, Alhambra comprise. Comme je le disais, se perdre dans les rues est un bonheur pour les yeux. Mais il y a quand même des palais et anciennes demeures arabes à visiter. J’ai visité inlassablement tout ce qui était hispanomusulman dans le quartier. Premier point fort : le Palacio Dar al-Horra (Callejon de las Monjas, 2.50 euros). Outre son patio avec ses voutes et son bassin, il offre une vue imprenable sur l’Albaycin (on voit qu’il y a des maisons avec piscine et vue sur l’Alhambra).
Palacio Dar al-Horra
Le Carmen Museo Max Moreau (Camino Nuevo de San Nicolas, gratuit) vaut le coup pour son patio fleuri, sa fontaine, son bassin, sa terrasse en décrochés, et ses murs blancs aux volets bleus. Dans le même esprit, la Casa Arabe Horno de Oro (Calle Horno de Oro) et la Casa de Zafra près de la Carrer del Darro (gratuite). Enfin, dans le même quartier, il faut voir les Bañuelos (les bains arabes) aux plafonds de pierre percés d’étoiles qui offrent un endroit frais en cas de canicule.
Casa De Zafra
Le bassin rouge de la Casa Horno de Oro
Pour les jardins, c’est vers les Carmenes que je me suis tournée. Carmen de Aben Humeya (Callejon de las Tomases) est un restaurant, de loin mon préféré pour sa cuisine, sa vue et surtout ses jardins et sa terrasse, vue Alhambra. Sur la Cuesta del Chapiz, on visite gratuitement deux jardins paradisiaques, vue Alhambra : celui de Carmen de la Victoria (N°9), et celui de la escuela de los estudios arabes Casa del Chapiz (N°22). Enfin, il y a une foule de petites églises qui datent d’après la Reconquista. La mosquée toute neuve près du mirador San Nicolas offre un panorama inoubliable depuis sa fontaine bleue en forme d’étoile.
Carmen de Aben Humeya
Carmen Max Moreau
Carmen de La Victoria
Jardins, Escuela de los estudios arabes
Le Sacromonte, l’ancien quartier gitan.
Ce quartier a été une déception pour moi (mais je n’étais pas venue pour lui, il faut dire, je ne rêvais que de l’Albaicin). Evidemment, les cuevas (maisons taillées dans la roche de la colline) sont pittoresques et intéressent les enfants, mais c’est un endroit franchement laissé à l’abandon, contrairement à l’Albaicin qui est repeint pour garder son charme. J’ai trouvé le quartier triste en journée, malgré la belle vue sur l’Alhambra, et mal exposé (pas de soleil le matin). C’est pourtant ici que l’on trouve les cuevas à Flamenco comme celle de Maria la Canastera (Camino del Sacromonte, 89) et un Museo de la mujer gitana (Barranco de los Negros), évoquant les origines gitanes du quartier. J’avais failli réserver un appartement dans une cueva pour son aspect original, mais je ne regrette pas d’avoir changé d’avis.
cueva, Sacromonte
Les remparts de l’Alhambra, Sacromonte
Si vous voulez pousser le pittoresque jusqu’au bout, certains particuliers font visiter leur maison dans une cueva pour un euro. Cela vous donnera une idée de leur manière de vivre, et du frais qu’il s’en dégage (sûrement appréciable l’été).
Le Realejo.
C’est un quartier plus vivant que le centre, mais je n’y ai pas découvert le charme de l’Albaicin (oui, je suis parti pris^^). C’est le quartier qui monte à l’Alhambra et où on peut visiter le Carmen de los Martires, avec ses jardins célèbres, le mirador de la Churra et surtout le Cuarto Real (la chambre des reines, Plaza de los Campos, gratuit) pas facile à trouver, mais qui finalement ne valait pas tellement le coup après avoir vu l’Alhambra. Mais qu’est-ce qui vaut le coup après avoir vu l’Alhambra ? Prévoyez toutes vos visites avant l’Alhambra sinon vous ne les apprécierez plus. Tant que vous ne savez pas ce qui vous attend là-bas, vous profiterez de toutes les autres visites 🙂 (oui, là aussi, je suis parti pris)
Le centre.
Plaza Isabel la Catolica
Si vous aimez les grandes villes avec les grands immeubles aux décorations pompeuses, si vous appréciez les rues animées jusqu’à pas d’heure, les boutiques, les bars à tapas et l’ambiance avec les locaux, allez au centre. La ville, de nuit, est plus belle, notamment la place Isabel la Catolica et la Cathédrale.
L’Alcaiceria (le marché arabe) regorge de petites boutiques à souvenirs pas chers, où l’on passe du simple au double, il faut donc comparer avant d’acheter. Dès qu’on s’éloigne du centre, la ville devient une grande agglomération quelconque, sale et mal entretenue, c’est dommage. Vous pouvez donc vous promener à pied et rester vraiment au centre.
Les boutiques de vêtements se trouvent sur les rues de Los Reyes Catolicos, Angel Ganivet, Recogidas, et Zacatin.
Jardins de la Mezquita Nueva, Albaycin (encore)
Si vous aimez le style gothique, les églises et les couvents, visitez la cathédrale (5 euros, enfants gratuits) et le Monasterio Santa Paula. Le Corral del Carbon (Calle Mariana Pineda) lui, est un monument de l’époque nasride : ce fut un caravansérail où les marchands faisaient halte. Après la Reconquista, il devint un théâtre, puis finalement une cour pour les vendeurs de charbon. Si j’ai trouvé ça franchement moche, la porte d’entrée du Corral del Carbon est splendide ! C’est aussi ici qu’on retire ses places pour l’Alhambra après les avoir réservées par internet, car la Libreria Tienda de la Alhambra de la rue des Reyes Catolicos ne le fait plus, apparemment (du moins, pendant que j’étais là-bas).
Près de la gare routière, rue Fuente Nueva, vous trouverez un Europcar pour louer une voiture si vous souhaitez étendre vos visites hors Grenade. Comptez minimum 80 euros la journée + l’essence, c’est un peu cher.
L’Alhambra.
Je consacre un article à l’Alhambra. Sachez quand même qu’il y a 2 hôtels dans ses murs mais qu’ils sont très chers. Si leurs jardins sont magnifiques, les chambres ne le sont pas tant que cela pour le prix (180 euros la chambre triple à l’Hôtel America, 700 euros la nuit au Parador de San Francisco pour la chambre de 3 personnes). Et puis si on est dans l’Alhambra, on ne la voit pas ! Autant avoir un logement avec vue sur la forteresse ! Je ne résiste pas à l’envie de vous remettre une photo :
Vue de l’Alhambra depuis la escuela de los estudios arabes
Quant à l’hôtel Alhambra Palace, il n’est pas franchement très esthétique vu d’extérieur, idem pour l’intérieur à la déco d’inspiration nasride too much à mon goût, et comme il est à flanc de l’Alhambra, il a vue sur la ville et non sur elle ! Aucun intérêt, surtout à 300 euros la nuit !
Et pour parcourir les rues de Grenade, rien de tel qu’une petite besace fashion avec ses pompons pour y glisser l’essentiel. Le sac bandoulière Nanucci aspect cuir m’a accompagnée tout au long de mon périple.
Pour finir, Victor Hugo disait de Grenade dans un poème du recueil des Orientales :
Espagnole ou sarrazine,
Il n’est pas une cité
Qui dispute sans folie
A Grenade la jolie
La pomme de la beauté,
Et qui, gracieuse, étale
Plus de pompe orientale
Sous un ciel plus enchanté.
[…]
S’épandent dans la campagne
Ou hérissent la sierra ;
Toutes ont des citadelles
Dont sous des mains infidèles
Aucun beffroi ne vibra ;
Toutes sur leurs cathédrales
Ont des clochers en spirales ;
Mais Grenade a l’Alhambra.
[…]
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